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Premiers pas dans l’éco-conception des services numériques

Les ordinateurs ayant permis à l’homme de se poser sur la Lune dans les années 60 disposaient de 72ko de mémoire morte et 4ko de mémoire vive. En comparaison, le poids médian d’une page web était de 2,1mo en 2021. Autrement dit, nous utilisons quotidiennement plus de données pour afficher une page web aujourd’hui qu’il en a fallu pour poser le pied sur notre cher satellite.

Alors que les appels à plus de sobriété dans tous les secteurs se multiplient, cette croissance effrénée des besoins en termes de données et donc de ressources (RAM, CPU) ne doit pas être ignorée, d’autant plus qu’il s’agit d’une des causes majeures de l’obsolescence des terminaux et matériels utilisés.

En effet, 75% des impacts environnementaux du numérique sont liés à la fabrication des machines, qu’elles se situent côté clients ou fournisseurs de services. Dès lors, augmenter la durée de vie du hardware constitue le principal levier pour limiter les impacts du numérique sur l’environnement (extraction des matières premières, génération de déchets non recyclés, etc..).

Chez Viggo, nous sommes régulièrement sollicités pour accompagner des projets de développement d’applications dans le cadre de la transformation digitale de nos clients. Nous essayons d’appliquer les principes d’éco-conception dont l’objectif est justement d’intégrer la réduction des impacts environnementaux dès la phase de conception d’un service numérique.

Cet article a pour but de présenter quelques bonnes pratiques issues de notre expérience et de la littérature à ce sujet. 


Remettre le besoin des utilisateurs au centre des organisations projets

Ce principe est connu, mais malheureusement rarement appliqué. Malgré la large diffusion des outils SCRUM censés répondre à cet objectif, on observe que les projets informatiques restent souvent structurés selon le cycle classique : spécifications, développements, tests. Les engagements des intégrateurs et SSII restent largement déterminés par des spécifications détaillées. Tout ce qui n’est pas spécifié au départ doit être intégrée dans de nouvelles négociations. Cette situation entraîne l’intégration par le Client de fonctionnalités « au cas où » pour être sûr de ne rien oublier. Cela contribue naturellement à gonfler inutilement le périmètre applicatif.

Pour résoudre cette problématique, nous pensons que le périmètre d’un projet digital ne doit pas être défini par un cahier des charges fonctionnels, mais plutôt par un besoin métier à remplir. Pour cela, nous encourageons l’utilisation d’outils tels que le Product Vision Board, le Parcours Utilisateur ou la Capacité Métier. Ces outils permettent de cartographier dans leur ensemble les process métiers pour identifier uniquement les fonctionnalités qui permettent de les mettre en place. Ces outils amènent également à s’interroger sur la nécessité de digitaliser ou non certaines étapes du process métier.  


Concevoir avec sobriété

La priorisation des besoins permet donc de limiter au strict nécessaire les nouvelles fonctionnalités et par ailleurs de diminuer l’impact environnemental de son projet. Néanmoins, il convient également de s’interroger sur la sobriété des développements réalisés. Si cette optimisation repose en partie sur les compétences des équipes de développement, certains choix de conception permettent d’aller vers plus de sobriété. 

La première source d’optimisation réside dans l’utilisation du contenu multimédia. Limiter autant que possible son usage, privilégier des formats courts et éviter la lecture automatique sont des leviers essentiels pour réduire son impact. Il est aussi possible de jouer sur la qualité de l’image pour réduire le poids de ces contenus, et ainsi les besoins en termes de ressources et donc les impacts environnementaux générés par la consultation de ces derniers.

D’autre part, l’approche « mobile first » permet de réduire le poids et l’impact des services mis à disposition des utilisateurs en privilégiant des designs allégés, contrairement à ce qui se fait habituellement à destination des « desktop » où nous avons tendance à vouloir combler le vide. Ceci se justifie notamment par la taille des écrans des terminaux qui conditionne la capacité d’affichage et donc la multiplicité des actions possibles à partir d’un même écran.


Evaluer les usages

Au-delà de la conception, il convient également d’analyser en continu les usages d’une application. Les besoins des utilisateurs peuvent évoluer et une fonctionnalité initialement utile peut devenir obsolète avec le temps.

Des outils d’analyses de navigation (Google Analytics, ContentSquare, Matomo, plausible.io) permettent d’identifier différentes opportunités d’amélioration à travers des informations telles que le temps passé sur les pages, les allers-retours successifs, le taux de rebond, les pages les plus visitées, etc…

Nous recommandons aussi la mise en place d’OKR (Objective Key Results) pour chaque parcours utilisateur ou capacité métier mise en place. Les OKR, fixés par les équipes en charge des applications, permettent de mesurer si les fonctionnalités permettent bien d’atteindre les résultats attendus par une application. Cette pratique permet d’orienter les développements vers ce qui génère le plus de valeur pour les utilisateurs et d’éliminer ce qui serait superflu voir contreproductif.


Bien entendu, cet article ne présente qu’une partie des pratiques qui peuvent être mises en place pour éco concevoir un service numérique. Elles représentent pour nous des leviers facilement actionnables pour entamer une démarche d’éco-conception. Pour aller plus loin, nous vous invitons à consulter les différents liens fournis en fin d’article.

Si vous mettez également en place des pratiques d’écoconception dans vos projets, n’hésitez pas également à les partager en commentaires.

Livres :

  • L’Enfer du numérique par Guillaume Pitron
  • Sobriété Numérique : Les clés pour Agir par Frédéric Bordage

Pages et sites internet de référence :

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